Initiative Weber – prise de position d’altitude 1400

Votation du 11 mars 2012

Initiative Weber : prise de position d’altitude 1400

Lors de sa séance du 17 janvier 2012, le comité de l’Association altitude 1400 a pris la position suivante concernant l’initiative populaire « Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires »:

Résumé

Pour altitude 1400, association valaisanne qui milite pour une urbanisation harmonieuse des Alpes, l’initiative Weber vise le bon objectif mais n’apporte pas les bonnes réponses. Le problème des résidences secondaires est bien réel, et il faut s’en occuper rapidement. Mais les contraintes fixées dans l’initiative ne sont ni réalistes ni efficaces. Elles menacent les logements existants et n’offrent aucune vision globale en matière d’aménagement. En rejetant l’initiative, l’association altitude 1400 souhaite surtout rappeler les vrais enjeux des résidences secondaires. Active dans ce débat depuis 2007, elle propose une série de mesures concrètes pour enrayer l’explosion incontrôlée de ces constructions. Elle demande au Canton de les intégrer rapidement dans son nouveau plan directeur. Pour que les Valaisans restent maîtres de leur destin et qu’ils puissent développer un tourisme de qualité et durable.

 

Le constat

Depuis sa création en 2007, altitude 1400 soulève les problèmes que pose la prolifération des résidences secondaires en Valais: menace pour la qualité du paysage, perte de maîtrise du sol, lits froids et volets clos, problèmes économiques et sociaux pour les populations locales, etc. En 2009, l’association a publié la «Charte pour un aménagement territorial durable dans les Alpes », contenant dix propositions pour l’avenir. En 2010, elle a présenté une exposition itinérante sur le mitage du paysage, qui a obtenu un excellent écho à travers tout le canton.

Avec plus de 40% de résidences secondaires[1] (70’835 unités en 2000), et jusqu’à 80% dans certaines stations touristiques, la taille critique est largement atteinte en Valais. A titre de comparaison, la région du Sud Tyrol où les résidences secondaires ne dépassent pas 10% des constructions jouit d’un grand succès touristique. Les résidences secondaires sont les meilleures ennemies du tourisme. Or, plus de 30% des Valaisans vivent du tourisme[2].

altitude 1400 considère qu’il est urgent de prendre les bonnes mesures pour freiner ce phénomène. Il faut agir rapidement, mais de manière réfléchie, car l’aménagement du territoire est un problème très complexe et chaque action a ses implications.

 

L’initiative Weber vise le bon objectif mais n’apporte pas la bonne réponse

Le problème n’est pas l’initiative, mais bien les résidences secondaires: celles-ci consomment du terrain de manière exagérée, défigurent le paysage et engendrent des coûts élevés pour les collectivités publiques. De plus, elles ne sont pratiquement jamais occupées (entre 40 et 60 jours par an en moyenne[3]).

Limitation irréaliste: l’initiative veut limiter le nombre de résidences secondaires à 20% des constructions de chaque commune. S’il est justifiable au niveau fédéral (420’000 logements habités temporairement, soit 12%[4]), ce taux est largement dépassé dans toutes les régions touristiques valaisannes. Il ne correspond pas à la réalité du terrain et ne permet pas de résoudre les problèmes liés à l’occupation des constructions déjà bâties.

Pas de vision régionale: en fixant la proportion maximale de résidences secondaires par commune, l’initiative encourage le déplacement des constructions vers les communes voisines moins bâties. Les frontières communales ne sont pas adéquates pour planifier et gérer le territoire de manière efficace. Seule une vision régionale ou cantonale peut assurer une saine gestion du territoire.

Danger pour l’habitat: l’initiative ne propose aucune mesure pour protéger les résidences principales, sur lesquelles la pression s’accroîtrait inévitablement en cas d’interdiction de construire de nouvelles résidences secondaires. En effet, les logements existants pourraient être transformés et revendus au prix fort comme logements de vacances, obligeant ainsi les indigènes à s’éloigner toujours plus des stations touristiques.

Perte de contrôle: l’initiative ne tient pas compte de la nécessité de maintenir la propriété du sol en mains indigènes. En vendant leurs terrains, les Valaisans deviennent dépendants des capitaux extérieurs et perdent la liberté de développer leur région.

Pour toutes ces raisons, altitude 1400 rejette l’initiative Weber.

 

Notre proposition

altitude 1400 regrette que la Confédération n’ait pas proposé un contre-projet direct à l’initiative et juge qu’il est insuffisant de laisser le soin aux cantons d’agir. Rien de concret n’a été entrepris ces dernières années malgré l’évidence du problème.

Dans le cadre de la révision de son plan directeur, nous demandons au canton du Valais d’intégrer les mesures suivantes afin de réguler le développement des résidences secondaires:

délimiter les sites touristiques sensibles dans lesquels l’emprise, la taille et le nombre des constructions sont strictement limités (préserver la beauté du paysage)

– mettre en place une politique foncière active et concertée entre canton, communes et bourgeoisies; recourir aux droits de superficie plutôt qu’à la vente (maîtriser le sol pour maîtriser notre développement)

– fixer des objectifs et assurer un contrôle à l’échelle régionale (dépasser les frontières communales pour penser le territoire)

circonscrire les zones disponibles pour la construction de nouvelles résidences secondaires et exiger un taux d’occupation minimal annuel pour augmenter le nombre des nuitées (terminer les stations existantes)

encourager la rénovation et la mise en location des logements touristiques par des agences spécialisées et indépendantes (valoriser les logements existants)

allonger les saisons et promouvoir le tourisme d’été en développant de nouvelles activités (dépasser la monoculture du ski)

favoriser l’hôtellerie et les lits chauds à proximité du centre des stations pour assurer des emplois à l’année (maintenir des lieux de vie habités à l’année)

– se préparer à réorienter l’économie de construction vers une économie d’exploitation (faire des choix pour notre avenir)

Nous sommes persuadés que seul un contre-projet valaisan, élaboré au niveau cantonal, peut apporter la bonne réponse à la question soulevée par l’initiative Weber. Restons acteurs de notre territoire et agissons maintenant pour un développement de qualité en faveur du tourisme.

 

L’association altitude 1400

Fondée en 2007, altitude 1400 milite pour une urbanisation des Alpes harmonieuse. Elle mise sur un développement au service d’une vision économique de qualité et durable. Ses objectifs: sensibiliser la population à la gestion territoriale, informer les professionnels de l’aménagement et stimuler le dialogue entre les acteurs du développement.

 

Association altitude 1400

Pour le comité :

Bernard Attinger, président

 

Contacts :

Lucien Barras, vice-président, 078 714 71 22

Philippe Venetz, secrétaire, 079 224 16 75

Yvan Aymon, membre du comité, 079 307 58 04

 

Plus d’infos :  www.altitude1400.ch

 


[1] Recensement fédéral de la population, 2000
[2] Recensement fédéral de la population, 2000
[3] Résidences secondaires, Guide pour la planification directrice cantonale, 2010
[4] Recensement fédéral de la population, 2000


 

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